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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/100

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devoir de chrétien, sentencia Lisée, transformant pour les besoins de la cause les paroles du Sauveur.

— Il n’y a pas de danger qu’il avale une boulette ou qu’une voiture l’écrase, comme c’est arrivé à celui des Martin. Ah ! non je n’aurai pas cette veine : ce qui ne vaut rien ne risque rien !

— Tu ferais mieux de préparer mes souliers et mes habits pour demain matin. Tu sais que je dois partir pour Baume de bonne heure. La voiture de bois est chargée et j’ai le cheval de Philomen. Tu mettras de l’avoine dans un sac, je bottèlerai une dizaine de livres de foin : ce sera autant que je n’aurai pas à débourser à l’auberge.

— Tu te saouleras avec l’argent et tu tâcheras de ramener encore un chien au lieu d’un cochon.

— En tout cas, conclut Lisée, je ne ramènerai sûrement pas une autre femme, j’ai bien assez d’un chameau comme toi dans la canfouine.

» Et tu sais, ajouta-t-il, je ne veux pas qu’on enferme le chien pendant que je ne serai pas là ; je ne tiens pas à ce qu’il passe sa journée à gueuler jusqu’à ce qu’il en devienne enragé. Un jeune chien, ça a besoin d’air et de liberté ; il