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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/104

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jugea que Lisée pouvait être à un bon kilomètre du village, elle ouvrit au chien qui la demandait instamment la porte de la rue et le lança dehors avec un coup de savate, en disant :

— Va-l’en le retrouver tant que tu voudras et reste en route si tu peux.

Miraut ne perdit pas une minute ; il flaira par toute la cour puis, sans hésiter, prit le vent et fila comme une flèche.

Et dix minutes plus tard, comme Lisée, marchant à côté de la voiture, atteignait les quelques maisons du moulin de Velrans ; rêvassant vaguement au tintinnabulement des grelots de Cadi qui secouait la tête avec fierté, il sentit tout h coup deux pattes s’appuyer sur ses jarrets. Violemment surpris, il se retourna plus prompt que l’éclair et reconnut son Miraut qui lui faisait fête, causant en son langage, jappant à mi-voix, la gorge pleine inflexions tendres, frétillant de la queue, s’écrasant, l’œil plein de joie de l’avoir si vite retrouvé.

— Sacré nom de Dieu de nom de Dieu ! jura Lisée en se grattant la tête ; sacré petit salaud ! Qu’est-ce que je vais faire de toi ?

C’est au moins ma rosse de femme qui t’a lâché trop tôt. Elle l’aura fait exprès, pour sûr. Elle savait bien que tu viendrais ; ah ! « la chameau ! » C’était pour se débarrasser et elle ne