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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/106

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Bientôt on arriva devant la maison du moulin, à mi-chemin entre Longeverne et Velrans. Lisée arrêta son cheval, ouvrit la porte sans frapper, salua la compagnie et, pendant qu’on lui apportait un verre pour trinquer, exposa le cas et conclut l’affaire d’emblée. Miraut, solidement attaché, resta là tandis que son maître s’éloignait. Il eut beau japper et pleurer et tirer sur la corde. Ce ne fut qu’au bout d’une bonne heure que les gosses, leurs poches lestées de provisions, le reconduisirent à son logis.

De fait, comme elle partageait en pillons pour la mettre en vannettes la pâte emplissant sa « maie », la Guélotte qui, très affairée, faisait au four ce matin-là, vit la porte s’ouvrir et deux gamins entrer précipitamment, entraînés par l’élan du jeune chien qu’ils tenaient en laisse.

— Nous ramenons le toutou, expliquèrent-ils. C’est Lisée qu’a passé au moulin et qui nous a dit de vous le reconduire.

— Fermez donc la porte ! cria la Guélotte ; ma pâte va avoir froid et mon pain ne lèvera pas. Encore sa sale charogne qui en sera cause. Ah ! s’il avait au moins pu le suivre et qu’un brave imbécile de voleur l’ait ramassé !

Cependant, les deux enfants qui s’attendaient à une autre réception et pensaient que la patronne leur offrirait au moins un pain d’épices ou une