Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/132

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— C’est assez pour aujourd’hui, pensa-t-il. Demain je la lui remettrai et il s’habituera petit à petit.

Mais le jour suivant, dès qu’on lui eut rebouclé les courroies derrière la tête, il recommença de plus belle à se griffer la gueule en hurlant.

On ne pouvait évidemment le laisser ainsi : il se serait plutôt saigné. Lisée, fort ennuyé, la lui retira tout à fait en se disant :

— Bah, je reste ici aujourd’hui, je vais le surveiller.

Et il se mit à arracher les choux de son jardin tandis que le chien rôdait autour de lui, heureux d’être enfin débarrassé et libre.

Longtemps il resta là à gratter le sol, à mordre les tiges de pomme de terre, à transporter les bouts de perches de haricots, si bien que le braconnier, tranquillisé, ne pensait plus à s’assurer de sa présence et continuait paisiblement son travail en fumant sa pipe, lorsque, telle une sorcière, la Phémie apparut dans le sentier de l’enclos, une poule morte, tuée, d’une main, de l’autre ramenant Miraut qui tirait sur une ficelle.

Cette fois, Lisée sentit la moutarde lui monter au nez : il devint tout pâle, cassa le bout de sa pipe en serrant les dents et assura, comme une massue dans sa main, le chou qu’il venait d’arracher.