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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/134

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entrant dans le collier, les pattes passant entre les jambes de devant ; il attacha ces pattes à une autre ficelle qui se nouait elle-même sur le dos et, dans cet appareil, condamna Miraut, trois jours durant au moins, à traîner la poule devant tout le monde et les autres chiens y compris, lui, Lisée, étant toujours présent pour lui faire honte et lui rappeler en grondant qu’il n’était qu’un méchant azor de rien du tout, un jeanfoutre de viôce qui ne valait pas la corde pour le pendre, ou la cartouche pour l’occire, un sale salaud de m… à qui il en ficherait jusqu’à ce qu’il en crève s’il s’avisait de recommencer jamais.

Trois jours, comme il en avait été décidé, Miraut en laisse et la poule en bandoulière dut suivre Lisée à qui les gosses faisaient cortège et qui ricanaient en interpellant le chien. Miraut était honteux, car les chiens connaissent la honte s’ils ignorent la pudeur et ils sentent très bien la raillerie. Il baissait tenez, s’embarrassait dans les jambes du maître, regardait avec des yeux navrés et, quand il n’était pas observé, cherchait à se débarrasser de son encombrant fardeau. Mais il ne parvenait point à couper les ficelles et, s’enfonçant le nez dans la plume qui le chatouillait, il éternuait et il pleurait.

Lisée fut inflexible.

— Tu la traîneras, mon cochon, répétait-il,