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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/174

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— As-tu déjà songé à tes munitions ? s’inquiéta Philomen.

— Oui, répondit Lisée : pour les cartouches de lièvre, je commanderai mes étuis et mes bourres à Saint-Étienne afin d’être sûr d’avoir du bon ; c’est un peu cher, mais tant pis ! Pour la chasse aux oiseaux, je ferai prendre au messager, quand il ira à Besançon, un cent de douilles et de bourres ordinaires ; quant à la poudre, de la superfine n° 2 pour les bonnes cartouches et, pour les autres, Kinkin m’a promis une livre de poudre suisse, de la meilleure, mais n’en parle pas surtout, je ne voudrais pas lui faire arriver des histoires à lui, ni à moi non plus.

— J’en prends aussi, rassura Philomen : sa poudre, en effet, n’est généralement pas mauvaise et, quand il s’agit de merles, de grives ou de geais que l’on tire de tout près, ça va toujours. C’est égal, j’aurais du remords de viser un lièvre avec une mauvaise cartouche dans mon flingot ; s’il échappait, je ne pourrais m’empêcher de dire que c’est bien fait pour moi.

— Écoute, interrompit tout à coup Lisée, en portant l’index à sa bouche.

Loin, loin, à peine distinct dans le bourdonnement d’abeilles de la nuit silencieuse, un aboi s’élevait, suivi bientôt d’un autre et d’un autre encore.