Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/191

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pattes de devant. Le braconnier, tout en le chinant un peu de n’avoir pu ramener l’oreillard, le félicita tout de même d’être si bien et si vite revenu à la corne, absolument comme un grand chien.

Cette fois, Miraut mangea de bon cœur le bout de sucre et le morceau de pain qu’il avait dédaignés l’heure d’avant.

Comme le soleil montait rapidement et commençait à chauffer, on se rendit, sans perdre de temps, à la tranchée sommière du Fays où Philomen, exact au rendez-vous, les attendait déjà avec un lièvre lui aussi dans sa carnassière.

Les deux amis se sourirent.

— Eh bien ! est-ce qu’on sait encore le coup ?

— Où l’as-tu rasé ?

Et les deux confrères en saint Hubert se narrèrent avec force détails les péripéties de leur chasse du matin tout en cassant la croûte et en buvant un verre.

Bellone et Miraut, très sérieux, s’étaient simplement salués en se léchant réciproquement les babines qui fleuraient bon le lièvre tué. Assis tous deux sur les jarrets, devant les maîtres qui devisaient et contaient leurs exploits récents, ils suivaient attentivement des yeux tous les mouvements de leurs doigts et de leurs mâchoires, attendant, pour les attraper au vol, les morceaux