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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/27

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crevé, inaccessible au remords, il reposait du sommeil des justes.

Cependant, furieuse, la Guélotte était montée se coucher seule dans le lit de la chambre haute.

Au réveil, la situation restait, naturellement, fort tendue. Lisée, décuité, éprouvait bien une certaine gêne d’avoir agi sans consulter sa femme ; sacrifier ainsi l’argent du cochon, c’était évidemment osé, enfin !… d’autant plus que rien ne le pressait de se reprocurer un fusil et un chien ! oh ! quoique !… Et puis, zut ! il fallait tout de même, un jour ou l’autre, qu’il retrouvât l’argent nécessaire à ce rachat indispensable. Donc, un peu plus tôt ou un peu plus tard !…

Tout de même, il avait bu pas mal la veille et il se sentait fautif.

La Guélotte se chargea de dissiper ses remords.

Dès le premier coup de l’angélus, debout en même temps que ses poules, elle descendit et entra dans la chambre du poêle où Lisée, pour temporiser, fit semblant de dormir encore.

Mais la façon dont elle ferma la porte et fit claquer ses sabots sur le plancher aurait réveillé un sourd. Lisée fut bien forcé d’ouvrir les yeux, mais ce faisant, il jugea bon de prendre un air digne et sévère pour en imposer à sa vieille.