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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/309

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ciens en guise de remerciaient lorsque ceux-ci deviennent vieux et infirmes, gardait toujours les siens jusqu’à leur dernière heure. Oh ! ce n’était souvent pas réjouissant : la vieillesse les rendait claudicants et baveux, quelquefois ils pelaient, une gale maligne leur croutelevait la peau, les oreilles se mettaient à couler, ils devenaient sourds, ils n’y voyaient plus, qu’importe ! on les soignait tout de même et il leur restait toujours, avec la bonne écuelle quotidienne de pâtée, une litière fraîche dans un coin paisible et chaud de l’étable pour attendre le grand départ.

Philomen fit remarquer à Lisée que la chienne éprouvait maintenant en chasse assez de peine à suivre Miraut, que son poil se décolorait par endroits, qu’elle blanchissait sur les tempes, que la paupière s’allongeait et se fripait et que la lippe pendait légèrement, découvrant un peu les crocs de la mâchoire inférieure dont la gencive était moins ferme.

Aussi lorsque le printemps, remueur de sèves et stimulateur du sang, l’eut rendue amoureuse, il lui donna Miraut durant une huitaine pour compagnon afin de lui faire faire une dernière portée de laquelle il conserverait une petite chienne.

Car Philomen tenait essentiellement à conserver une bête de cette race, une race un peu