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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/358

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retrouva que dix mois plus tard, entortillé parmi des souches, son collier plus qu’aux trois quarts pourri, avec la chaîne et le bout de bois. Miraut, pour se libérer, arriva-t-il à le casser ? parvint-il, au prix de quels efforts, à retirer sa tâte de l’ouverture étroite ? Nul ne sait ; toujours est-il que deux heures après son départ, sans collier ni entrave, la tête bien dégagée et le cou libre, les gendarmes de Rocfontaine lui tombaient dessus au moment où il achevait de dévorer un jeune levraut qu’il venait de pincer après une courte chasse mouvementée.

Les gendarmes dressèrent un triple procès-verbal : premièrement, pour vagabondage ; deuxièmement, pour manque de collier ; troisièmement, pour chasse en temps prohibé. Néanmoins, malgré leurs efforts, ils ne purent ramener au village le chien qui s’échappa en leur laissant la tête et une épaule de gibier, mais leur témoignage suffisait et Lisée ne put nier, chacun ayant entendu Miraut.

Il est inutile de raconter en détail ce qui se passa dans le ménage. La Guélotte pleura, sanglota, hurla, engueula, rossa le chien et supplia son homme de se débarrasser de cette bête terrible, à n’importe quel prix, d’écrire sans retard au riche amateur qui, la saison d’avant, lui en avait offert une si belle somme.