Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/374

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point tant par la crainte des coups que par l’appréhension de voir son mari revenir sur sa parole et défaire le marché.

On sortit. Mais, comme l’avait prévu Lisée, Miraut refusa obstinément d’avancer. Campé sur les quatre pattes, le cou tendu, il résistait de tous les muscles de sa poitrine, de tous les tendons de ses jarrets, de tous les ligaments de ses vertèbres, de toutes les griffes de ses pattes fichées violemment en terre.

— Allez, charogne ! grogna la Guélotte en le poussant par derrière.

Il résista de plus belle, le fessier cintré, suffoquant et crachant parce que le collier l’étranglait de l’autre côté.

— Je vous prierai de me l’amener jusqu’à la voiture, demanda M. Pitancet ; pour qu’il n’ait pas peur et ne se doute pas trop, je prendrai par la route du village et vous par le verger.

Résigné à boire jusqu’à la lie le calice, Lisée reprit en main la laisse, tandis que l’acheteur, à grands pas, s’éloignait.

— Viens, mon petit Miraut ! appela-t-il.

Le chien avait suivi d’un œil farouche le départ de l’inconnu. Il vint se jeter dans les jambes de Lisée, jappotant et se tortillant, et le chasseur put l’emmener en passant par le sentier du clos.