Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/63

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Lisée, en liant ses fagots, le regardait faire tout joyeux. Miraut était dans la vraie tradition. C’est ainsi que commencent la plupart des jeunes toutous. Ils courent d’abord après les oiseaux et veulent déterrer les taupes ; plus tard, quand ils sont de bonne race, ils abandonnent vite ce gibier-là pour en courir un autre. Et le chasseur, de loin, excitait en riant et en ricanant son compagnon :

— Allez ! attrape-le, le « boussot[1] » !

— Comment, tu ne l’as pas encore ?

— Oh ! oh ! tu lances déjà, mon gaillard, y a du bon, alors, y a du pied !

Pourtant lorsque Miraut eut bien gratté, qu’il eut la truffe tout à fait noire et la gueule pleine de terre, il s’ennuya de ces vaines poursuites et de ce travail inutile et, fatigué, regagna le bois.

Derrière un fagot l’abritant du vent, il découvrit la blouse et le tricot de son maître et, jugeant dans sa bonne petite jugeote de bête que, comme matelas, ça valait sans doute mieux que la terre humide, sans hésitations il se coucha en rond dessus et s’endormit du sommeil de l’innocence.

— Sacré petit voyou, s’écria Lisée en venant, au moment de partir, le retrouver dans cette position,

  1. Boussot, corruption de pousseur, nom régional et patois de la taupe.