Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/94

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C’étaient de vieux roublards qui ne le craignaient guère. Ils mettaient une pointe de malice et de coquetterie à le laisser venir à quatre pas à peine pour s’enlever légèrement à sa barbe en lui croassant de grasses injures auxquelles il répondait par des jappements furieux. Rasant le sol juste assez haut pour qu’il ne pût les atteindre en sautant en l’air, ils faisaient un détour et s’en allaient passer près d’un camarade au repos sur lequel le chien arrivait bientôt et qui recommençait le même manège.

Tout de même, lorsqu’ils furent las de cette tactique qui ne leur laissait pas la paix suffisante pour glaner des graines ou gratter des vermisseaux, ils partirent tous au signal de l’un d’entre eux et, s’élevant très haut, filèrent au loin vers les pâtures de la ferme des Planches où ils s’abattirent après de sages et prudents circuits investigateurs.

Miraut qui les suivait avec peine, le nez en l’air, les perdit bientôt de vue et revint près de Lisée, tirant une langue d’un demi-pied et soufflant comme un phoque.

— Tu es mieux, maintenant, ricana le braconnier ! Ça t’apprendra, mon ami, que les corbeaux ça n’est pas pour les chiens de chasse.

Comme on revenait à la maison, le soir, en traversant le village, Miraut rencontra Bellone