Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/60

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deux mâles déjà se disputaient la femelle qui les regardait. Les crocs s’enfonçaient avec des grognements assourdis dans la peau des adversaires, des pattes raidies se crispaient sur les dos et sur les reins, des gouttes de sang coulaient, les yeux brillaient férocement.

Tournant en rond autour des rivaux dans l’étroite clairière dessinée par la place regazonnée d’une meule de charbonniers, la femelle sereine les regardait les yeux mi-clos, la queue balancée comme une traîne féminine.

Elle passa devant Goupil, l’éventa et s’en approcha, et lui, enhardi, excité, malgré la raideur obligatoire de son cou, sans se préoccuper des deux autres qui s’entr’égorgeaient, sans entendre et sans voir, préluda par les caresses préliminaires à l’acte d’amour.

Mais au moment où il allait chevaucher la femelle en redressant l’avant-train d’un mouvement plus vif, le tintement du grelot retentit dans la nuit et tous, comme mus par d’invisibles ressorts, lutteurs et femelle, s’élancèrent d’un élan si brusque et si impétueux qu’avant