Page:Pergaud - De Goupil à Margot, 1910.djvu/65

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friable que rien ne soulevait. Et pendant tout le temps qu’elle tomba toutes les bêtes des bois et tous les oiseaux sédentaires ne bougèrent point du refuge soigneusement choisi qu’ils avaient élu.

Goupil (il fuyait maintenant les cavernes), tapi sous les branches basses d’un massif de noisetiers, s’était, comme les autres, laissé ensevelir sous le suaire qui se tissait, et, moulant ses formes ramassées, lui bâtissait une cabane étroite, un prison délicate et fragile, dont il saurait, le moment venu, briser la cloison friable. Dans cette prison il avait chaud, car sa toison était épaisse et la voûte de neige épousant le cintre de son échine le protégeait totalement des froids du dehors.

Lorsqu’il présuma que la tourmente était apaisée, il s’ouvrit vers le midi une étroite sortie, et, ménageant avec soin le terrier de neige que Nature avait confectionné à sa taille, partit en quête de la nourriture quotidienne.

Les mauvais jours étaient revenus. Goupil le sentait bien et d’autant plus que la tare du grelot qu’il était condamné à faire tinter à chaque