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la guerre des boutons


copain venaient se poster à celui de chez Doni.

Les autres allèrent relever de leur faction Chanchet et Pirouli qu’ils renvoyèrent d’abord et immédiatement dans leurs foyers. Ensuite de quoi, ils s’en furent, à travers les carreaux, reluquer ce que faisait le vieux.

Il en était à sa troisième absinthe et pérorait comme un député sur ses campagnes réelles ou imaginaires, imaginaires plutôt, car on l’entendait dire : « Oui, un jour que je m’en devais venir en permission depuis Alger à Marseille, j’arrive juste n… de D… que le bateau venait de partir.

« Qu’est-ce que je fais ? – Y avait justement une bonne femme du pays qui lavait la buée[1] au bord de la mer. Je ne fais ni une ni deusse, j’y fous le nez dans un baquet, je renverse son cuveau, je saute dedans et avec ma crosse de fusil je rame dans le « suillage » du bateau et je suis arrivé quasiment avant lui à Marseille. »

On avait le temps ! Gambette fut laissé en embuscade derrière un tas de fagots. Il devait, le moment venu, prévenir les deux groupes ainsi que Lebrac et ses acolytes de la sortie de Zéphirin.

En attendant, il put entendre le récit de la dernière entrevue de Bédouin avec son vieux copain « l’empereur » Napoléon III.

  1. Lavait la lessive.