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la guerre des boutons


roclites très divers, car on avait fait main basse sur tout ce que renfermaient les poches, les mouchoirs exceptés. On voyait de petits os de cochon percés au milieu, traversés d’un double cordon de laine qui faisait en se roulant et se déroulant tourner en frondonnant l’osselet : on appelait ce joujou un « fredot » ; on voyait aussi des billes, des couteaux, ou, pour être plus juste, de vagues lames mal emmanchées ; il s’y trouvait également quelques clés de boîtes de sardines, un père La Colique en plomb accroupi dans une posture intime, et des tubes chalumeaux pour lancer des pois. Tout cela, entassé pêle-mêle, devait aller grossir le trésor commun ou serait tiré au sort.

Mais le trésor, du coup, serait certainement doublé. Et c’était le surlendemain qu’on devait justement payer au trésorier la seconde contribution de guerre.

La première idée de Lebrac lui revint à l’esprit. Si on employait cet argent à faire la fête ?

Comme il était homme de réalisation, il s’enquit immédiatement auprès de ses soldats des sommes que pourrait récupérer le trésorier.

— Qui c’est qui n’a pas son sou pour payer l’impôt de guerre ? Personne ne dit mot ! Tout le monde a bien compris. Levez la main ceusses qui n’ont pas leur sou d’impôt ?