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la guerre des boutons


Alors Camus songea lui aussi à la Tavie[1], sa bonne amie, à qui il avait offert dernièrement un pain d’épices, de deux sous s’il vous plaît, qu’il avait acheté à la foire de Vercel, un joli pain d’épices en cœur, saupoudré de bonbonnets rouges, bleus et jaunes, orné d’une devise qui lui avait semblé tout à fait très bien :

Je mets mon cœur à vos genoux,
Acceptez-le, il est à vous !

Il la chercha de l’œil dans les rangs des petites filles et vit qu’elle le regardait. La gravité de son office lui interdisait le sourire, mais il eut un choc au cœur et, légèrement rougissant, se redressa, le bidon d’eau bénite à son poignet raidi.

Ce mouvement n’échappa point à La Crique, qui confia à Tintin :

– « Ergarde » donc Camus s’il se rebraque[2] ! On voit bien que la Tavie le reluque.

Et Camus en lui-même pensait : Maintenant que c’est l’école, on va se revoir plus souvent !

Oui… mais la guerre était déclarée !

À la sortie de l’office de vêpres, le grand Lebrac réunit toutes ses troupes et parla en chef :

– Allez mettre vos blousons, prenez un chan-

  1. Octavie.
  2. Se rebraquer : se redresser, porter le corps en arrière.