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Traité Pratique.

eſt figée & aſſez ferme, on y applique l’or en feuille avec du coton ou avec les bilboquets garnis de drap, & on laiſſe bien ſécher pendant quelques jours. Enfin on épouſte l’or avec une broſſe de poil de cochon bien douce & bien nette. Si la bature venoit à s’emboire dans le peinture, ce qu’on connoit quand elle devient terne, & qu’elle perd ſon luiſant, il faudroit en recoucher d’autre dans les mêmes endroits ; autrement l’or ne s’y attacheroit pas.

Si l’on veut préſerver de l’eau la Peinture à détrempe, on peut y paſſer d’abord un blanc d’œuf bien battu ; & quand il eſt ſec, y paſſer une couche de vernis qui réſiſte à l’humidité.

Les couleurs en uſage dans cette ſorte de Peinture ſont le blanc de craye, le blanc d’Eſpagne ou de Rouen qu’on trouve chez les Epiciers Droguiſtes en gros pains. On le purifie, & on lui ôte ſon gravier, en le faiſant diſſoudre dans de l’eau nette en quantité. Lorſqu’il eſt bien diſſout, on agite l’eau avec un bâton propre, & l’ayant laiſſé un peu repoſer, pour faire tomber le gravier au fond, on verſe toute l’eau blanche dans des vaſes bien nets, où on la laiſſe repoſer juſqu’à ce que tout le blanc ſoit précipité au fond du vaiſſeau. On ôte enſuite par inclination ou avec un ſyphon toute l’eau, & quand le blanc eſt preſque ſec, on en forme des petits pains, qu’on fait ſécher ſur des quarreaux de plâtre ou ſur des briques au grand air, en les gardant cependant de la pouſſiere. Cette maniere de purifier le blanc, eſt propre à purifier auſſi toutes les terres colorées, ocres, brun-rouge, &c.

Quand on veut ſe ſervir du blanc à la détrempe, il faut avoir ſoin de le faire d’abord infuſer dans un peu d’eau pour le réduire en pâte peu liquide, & on y mêle enſuite la colle chaude pour travailler. Si on ne le faiſoit pas infuſer, il prendroit très-difficilement la colle.