teinte ou nuance d’une même couleur, & chacune de ces pierres doit avoir une ſurface plate & unie, celle qui doit être expoſée à la vûe ; les autres côtés ſeront un peu moins larges & un peu raboteux, afin que le mortier dans lequel ils ſeront incruſtés ait priſe ſur eux. Il ne faut pas que la ſurface plate & unie ſoit polie ni luiſante, elle réfléchiroit la lumiere trop vivement, & empêcheroit d’en voir la couleur. Plus les pierres ſont petites, plus l’ouvrage eſt délicat, mais le travail augmente à proportion, & l’exécution en devient plus longue. Il n’eſt pas néceſſaire que toutes les pierres ſoient de même figure, il ſuffit qu’elles puiſſent s’adapter exactement les unes auprès des autres, de maniere qu’elles ne laiſſent pas entr’elles des vuides trop ſenſibles. Il faut auſſi que l’ouvrage fini préſente une ſurface la plus unie & la plus égale qu’il ſera poſſible, de maniere qu’une pierre ne ſoit pas plus ſaillante que l’autre.
On commence à faire ſur le mur un premier enduit, comme celui de la Peinture à Freſque : lorſqu’il eſt ſec, on mouille un peu la place ſur laquelle on doit travailler, & l’on y ponce le deſſein ou on l’y marque par des cartons de même grandeur, comme à la Freſque. On met enſuite du mortier fait de chaux, de pierre dure, de tuile ou de brique pilée & tamiſée ; quelques-uns y ajoutent de l’eau gommée avec la gomme adragant & des blancs d’œufs battus. Ce mortier doit être fin & mis d’une épaiſſeur égale ſur chaque petite place, ſans paſſer le trait du deſſein ; car il faut le conſerver, & placer les petites pierres ſuivant les couleurs, en les trempant auparavant dans le même mortier, mais plus clair & plus liquide, qu’on doit avoir auprès de ſoi dans une auge ou jatte de bois.
Quand on a couvert de pierres un petit eſpace, il faut les battre avec une regle épaiſſe & forte pour les dresser & les enfoncer également, à peu près comme
