Page:Perochon - La Parcelle 32.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
LA PARCELLE 32

Éveline, levez-vous vos jolis bras pour attacher la corde où se pendront vos soupirants d’amour ?

— Je lève les bras, dit-elle, pour accrocher ici ma corde de lessive et je ne peux pas y réussir.

— Je pourrais peut-être vous aider, Éveline ?

— Vous seriez bien aimable ! répondit-elle aussitôt.

Mazureau continua son chemin et le gars, pénétrant dans le jardin, s’approcha tout frétillant.

Éveline lui donna le paquet de cordes qu’il jeta fort adroitement par-dessus la branche pour le rattraper ensuite. Et, en quelques minutes, il eut fixé la corde à quatre ou cinq autres branches, comme il fallait.

Sans perdre de temps, Éveline avait commencé à étendre son linge. Il revint tout près d’elle, mais il se trouva soudain gêné pour lui tourner ses phrases habituelles de beau diseur. C’est qu’il était trop heureux de l’accueil inattendu qu’elle venait de lui faire après ces jours de froideur. C’est aussi qu’elle lui apparaissait bien jolie et troublante, en sa toilette un peu lâchée qui laissait à nu ses bras frais lavés et sa gorge blanche dont l’agitation était visible !

Il risqua à voix basse, quelques mots tremblés.

— Vous êtes belle, Éveline !

Elle, voyant la direction de son regard, fronça les sourcils et rajusta le haut de son corsage.

— Vous êtes belle…, et je vous sais gré de m’avoir permis de vous le dire ce soir !

Elle le regarda bien en face.

— Je ne vous ai donné aucune permission nouvelle ; si vous l’avez cru, vous vous êtes bien trompé !

Il recula un peu. Son espoir s’en allant encore