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LA PARCELLE 32

Éveline s’énervait ; elle jeta nettement :

— Oui ! il s’en est trouvé un !

— À la bonne heure, fit-il ; si vous m’aviez dit cela tout de suite, je ne vous aurais pas importunée comme j’ai fait…, et maintenant, il n’y aurait pas de gêne entre nous… Vous avez peut-être manqué de franchise, Éveline.

— J’ai manqué de courage, dit-elle et vous, vous n’avez pas été clairvoyant. Mais l’heure est venue de s’expliquer. Je ne vous épouserai pas, Honoré… d’ici peu de temps, j’en épouse un autre.

Il fut un moment décontenancé.

— Que vous ne désiriez pas m’épouser, dit-il enfin, je n’étais pas loin de le croire…, mais que vous en épousiez un autre bientôt, cela m’étonne un peu.

— Je serai mariée dans un mois !

— Il n’y a que vous qui le sachiez, remarqua-t-il, votre père l’ignore assurément.

— Mon père l’ignore, mais il va le savoir tout à l’heure.

Le gars leva son chapeau.

— Je vous demande pardon, Éveline ! J’espère que vous ne m’en voudrez pas… J’avais rêvé votre bonheur et le mien.

— Je ne vous en veux pas, dit-elle, mais il n’y faut plus songer.

Honoré s’en alla et sa démarche était celle d’un pauvre petit vieux, bien las d’avoir pioché la terre toute une grande journée au soleil.

Éveline au contraire avait repris son travail et elle allait rondement.

— En voici encore un qui sait maintenant, pensait-elle ; je me forgeais des chimères ! Ce n’était