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LA PARCELLE 32

— Pourtant, huit mille francs l’hectare !… huit mille francs en papiers d’État, cela rapporte quarante-huit pistoles.

L’enfant s’arrêta court.

— Tout de même, vous ne voudriez pas vendre ? Vous n’êtes pas ruiné ? Que ferions-nous après ?

Il y avait dans sa voix une réelle angoisse et une sorte de colère aussi.

Le grand-père s’arrêta à son tour. Il tira sa tabatière, prit une pincée de tabac, rabattit le couvercle d’un coup sec.

— Tu vas voir si nous sommes ruinés ! Le notaire parle de vendre ! Un de ces jours, tu vas voir comme nous allons vendre !

Ils filèrent un bout de chemin sans parler. Arrivés en haut d’un petit repli de terre, ils aperçurent Fougeray. Le village s’étendait en longueur devant une ligne boisée marquant la vallée d’un ruisseau. Bernard dit :

— Quérelles est chef-lieu de canton, Fougeray n’est rien et pourtant Fougeray est plus grand que Quérelles.

— À Quérelles, dit le grand-père, il y a des bourgadins : des ouvriers, des employés, des marchands… tandis qu’à Fougeray, il n’y a que des travailleurs… Il y a chez nous des travailleurs au milieu de leurs biens et l’espace ne manque pas entre les bâtiments.

Bernard essayait de reconnaître les maisons ; mais, de loin, elles se ressemblaient toutes : petites, grises, coiffés de tuiles livides et de pierres plates. Hautes et vastes, les granges dominaient et Bernard nomma les granges.

— Voici la grange de la Commanderie, voici