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LA PARCELLE 32

Mais, malgré elle, ses mains montaient à son cœur bondissant.

— Remets-toi ! dit-il. Je viens voir si la table est servie. Nous attendons Honoré ; il sera ici avant peu, ne devant pas muser à la ville. Que ton repas soit bon… C’est un grand jour ! Songes-y bien !

— J’y songe, père ! J’y songe, répondit-elle, les lèvres dansantes.

Il s’en retourna vers la grange, un peu tourmenté par l’idée qu’Éveline demeurait toujours aussi inquiète et nerveuse.

Pour tout ce qui ne concernait pas les choses premières occupant sa pensée, Mazureau ne marquait que de l’inattention et du dédain. Il n’avait guère l’habitude de s’inquiéter des manigances des femmes. Il prit à réfléchir pourtant sur ce sujet nouveau.

Elle était d’allures bizarres, Éveline, depuis quelque temps. Le chagrin l’avait secouée, bien entendu, mais les jours coulaient et elle ne reprenait pas son équilibre ; au contraire…

Les idées venaient à Mazureau, une par une et péniblement.

Que pouvait-elle bien faire devant cette armoire à l’heure où il eût fallu se hâter de travailler ?…

Elle était malade à coup sûr…, elle maigrissait vite. La nuit on l’entendait se lever et marcher dans sa chambre… Elle ne mangeait jamais aux repas ; il l’avait surprise au jardin cueillant des pommes vertes comme un enfant chétif ou une femme grosse…

Il leva la tête soudain, fronça les sourcils.

Que faisait-elle devant ce tiroir à fouiller dans