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LA PARCELLE 32

Ils se regardèrent et tous les deux parlèrent en même temps.

— Vos raisons sont celles d’une femme de ville, dit Mazureau.

— Ne parle pas de nos affaires ; tu n’y connais rien, dit Bernard.

Elle n’insista pas, sûre d’avoir raison. Elle se plaignit de son voyage pénible, conta l’embarras d’une vieille croquante qui n’avait jamais pris le train.

À la fin, elle sortit son mouchoir et pleura son mari.

Eux, s’en allèrent travailler, l’un contre l’autre, du même pas allongé qui les soulevait en mesure.

Pour le premier repas qu’elle leur servit, ce fut tout un tralala. Elle vivait assez mal chez elle, mais, avant son mariage, elle avait été cuisinière dans de bonnes maisons et elle tenait à montrer son savoir-faire.

Ils la trouvèrent en tablier blanc avec des frisettes et de la poudre de riz. Elle avait acheté des huîtres à un marchand passager, mis du vin dans une bouteille, de la piquette dans une autre, de l’eau dans une carafe et, dans le pichet à la boisson, un bouquet d’œillets et de passe-roses. Le pain était coupé d’avance en tartines minces et elle avait également préparé de belles tranches de beurre dans un petit plat.

Ils s’assirent un peu saisis. Devant eux, il y avait deux assiettes, l’une dans l’autre ; la cuiller manquait.

Bernard repoussa le bouquet.

— Ça pue ! grogna-t-il.

— Apportez-nous la soupe, dit Mazureau.