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LA PARCELLE 32

Sicot avait l’air de rouler sur ses jambes courtes ; il allait de front avec le grand Monon et Marcireau ; à l’arrière, le président, ses sabots en mains, trottinait sur ses chaussons.

La pompe était déjà à la Marnière. Honoré était allé la chercher, avec quatre ou cinq autres qui, absents de la réunion, avaient vu les premières flammes.

Le lieutenant jeta ses commandements et plaça son monde. Bien en vain ! Le feu avait pris dans la barge de foin, puis gagné le tas de gerbes. Le foin brûlait avec une énorme fumée ; la paille, au contraire, flambait clair et de hautes flammes montaient. Jeter de l’eau là-dessus ne signifiait pas grand’chose. On se contenta d’arroser la façade de la maison où la chaleur allumait les feuilles de treille. Quand la flamme commença à baisser, on réussit à sauver un peu de foin ; mais, de toutes les gerbes, il ne resta qu’un petit tas de cendres.

Mazureau avait vu tout de suite l’inutilité de lutter. Laissant les gens se démener, il était entré dans sa grange et il avait refermé le portail sur lui. Des femmes s’approchèrent pour voir ce qu’il faisait là. Il ne bougeait pas ; il était assis dans un coin ; entre les planches disjointes, il regardait ses rêves s’envoler dans les grimaces des flammes.

Quant à Bernard, il s’était mis à la pompe. Autour de lui, les gens faisaient leurs suppositions.

— Qui a mis le feu ?… Personne n’en sait rien !… C’est peut-être un vagabond,.., un prisonnier boche…

La Marciraude, qui était par là, entendit ces paroles.