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LA PARCELLE 32

— Allons-nous-en ! dit-il, car le jour est haut ; Bernard est arrivé à la maison et le déjeuner nous attend.

Ils marchèrent en silence et puis Mazureau dit :

— Ce serait ma volonté d’acquérir ce champ. Il me tente beaucoup plus que d’autres qui le valent ou qui sont meilleurs, parce qu’il nous a appartenu autrefois ; c’est mon grand-père qui l’a défriché… Mais je ne serai pas seul à le vouloir…

— Vous ne serez pas seul ! répéta Honoré.

Sous son chapeau rabattu, il épiait la figure contractée du vieux ; il y lut si clairement le travail de la passion qu’il crut le moment venu de jouer son jeu.

— Mazureau, reprit-il, je suis de vos amis ; si vous avez vraiment envie de ce champ, au lieu d’aller contre vous, je puis vous aider.

Le vieux ne répondit pas et le gars continua :

— S’il y en a d’autres pour acheter, je serai avec vous pour leur barrer la route, et s’il vous manque de l’argent, vous pourrez frapper à ma porte.

Mazureau leva la tête et répondit hautement :

— Ma famille n’est pas une famille de mendiants. Un Mazureau, quand il emprunte, n’emprunte qu’à ceux de son nom, jamais aux étrangers.

Alors Honoré prit à bredouiller :

— C’est que, justement, je porte intérêt à votre famille, moi ! Vous êtes un homme comme je les aime, tout droit et tout franc…, votre fils était mon camarade… Avec votre consentement, Mazureau, votre fille, si elle voulait, prendrait la maîtresse place en ma maison. Il y a longtemps que