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LA PARCELLE 32

À la Commanderie, il y aurait grand changement aussitôt la guerre finie. On bâtirait un logement à la mode nouvelle. Tout était prêt pour cela : le plan tiré, les ouvriers prévenus et les arbres marqués qui devaient fournir le bois des parquets — car Honoré voulait des parquets soignés comme dans une maison de ville.

Il voulait aussi acheter un cheval d’agrément, une jolie petite bête fringante et facile à conduire ; cela, il le désirait depuis longtemps ! Quant à la voiture…

— La voiture, c’est vous qui la choisirez, Éveline…, chez Drouault, le maître carrossier, qui travaille si légèrement le bois fin.

Il ne manquait jamais de la mêler ainsi à sa vie, par détours brusques, à l’improviste.

Il la regardait ensuite anxieusement. Elle souriait d’un sourire un peu las et une sorte d’angoisse rôdait au fond de ses beaux yeux dociles.

Parfois, il posait hardiment ses questions.

— Éveline, vous m’avez dit de revenir chez vous… Si je suis ici, c’est à votre prière… M’aimerez-vous bientôt tout de bon, comme on doit aimer quand on engage sa vie ?

La réponse ne venait pas toujours, ou bien, quand elle venait, elle n’était pas telle que le gars l’eût souhaitée.

Il ne se décourageait pas cependant car il sentait Mazureau à sa merci.

Et puis, tout de même, Éveline de temps en temps, semblait s’animer à ses discours.

Elle était aimable et fuyante ; elle l’évitait pendant le jour entier et, le soir, à table, elle prenait place à côté de lui sans déplaisir apparent.