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LA PARCELLE 32

mera pas mieux de l’argent ? D’ici là nous avons le temps d’en gagner, de l’argent… Je veux que vous fassiez un arrangement… Je vous le ferai faire avant de mourir… Honoré y consentira ; dès maintenant, je veux le lui faire promettre… Pour se marier, il consentira à tout. Et toi, Bernard, tu seras le maître à la Marnière…, tu auras le pré du village, tu auras les Jauneries et ici, aux Brûlons, tu auras tout ! tu auras tout !

Mazureau, redressé, étendait les doux bras et son geste s’élargissait sur les champs convoités.

Bernard avait les yeux brillants ; il objecta cependant :

— Tante Éveline, est-il bien sûr qu’elle consente à cet arrangement ?

Le grand-père eut de la main un petit geste coupant :

— Elle veut toujours ce que je veux !

Bernard se remit à l’ouvrage ; mais son idée n’était pas à son travail. Ayant arraché machinalement quelques poignées d’herbes, il se retourna pour dire, avec son mauvais rire :

— Elle veut tout ce que vous voulez, tante Éveline ? Tout de même, elle a du papier à lettres et un crayon, au fond de sa boîte à fil.

Éveline, en effet, écrivait toujours à Maurice. Elle n’en recevait aucune réponse. Le soldat cependant écrivit deux fois, mais Mazureau se trouva juste à point pour arrêter les lettres.

La première n’était que de deux ou trois lignes.

La seconde était une vraie lettre. Mazureau l’ayant mise en sa poche s’en fut à la mai-