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Page:Perochon - Nene.djvu/132

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NÊNE.

— Mais si ! c’est à vous que je dirai ce qui se passe… et c’est à vous que je demanderai conseil.

— Nous verrons ça plus tard… Après tout, je veux bien.

Il parlait d’une voix tranquille, mais ses yeux luisaient de joie cruelle. Il continua doucement :

— L’été passé, ne disait-on pas qu’un Dissident de Saint-Ambroise, un grand qu’on appelle Cuirassier et qui a eu le bras coupé par la vanneuse, te faisait conduite sur les routes ?

— On le disait en effet… on ne le dit plus. Je ne l’ai pas revu depuis son accident.

— M’est avis que tu as bien fait. C’est une famille pas très propre… des gens de rien… La sœur est servante chez Corbier, justement ; ce n’est point une fine pièce… et pourtant on dit des choses.

Violette le regarda si fixement qu’il hésita, puis remit à plus tard de parler comme il fallait.

Ayant achevé son café il s’en alla. Sur le chemin, il eut envie de danser.

— Je les tiens ! Je les tiens ! tous ! Corbier, Madeleine, Cuirassier… et Gédéon aussi, je l’attraperai ! Elle est gâtée de malice cette petite… pas trop fine pourtant… beaucoup moins qu’elle ne croit… Si elle m’écoute, on va les voir sauter ! Ah ! je vous tiens ! Vous n’êtes pas de force !

Violette était demeurée sur le seuil et le suivait des yeux, tout amusée de le voir si frétillant.

— Dire qu’il croit que je vais le tenir au courant et lui demander conseil !… Il a une dent contre eux,