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NÊNE.

Elle coula ses bras dans l’eau et se mit à rincer, de grosse manière, une chemise de Lalie. Eh bien non ! il n’y avait pas moyen, tout de même, d’aller si vite. La chemise, tordue, laissait goutter de l’eau trouble et savonneuse ; elle recommença. Cette toile fine était douce à ses mains.

— Petite chemise, soyez blanche… Jolie dentelle, je vous passerai dans l’amidon et vous tiendrez bien étendue comme une collerette de marguerite.

— Hââ !

Un cri partit à dix pas, vers le ruisseau ; en même temps que Lalie appela, en grande frayeur :

— Nêne ! Nêne !

Madeleine fut debout d’une secousse, ses jambes vacillèrent, son cœur s’arrêta de battre ; le petit n’était plus là !

— Jo ! où es-tu Jo ?

Lalie montrait le ruisseau. Un nouveau cri perça l’air, très aigu.

— Hâà !

Madeleine s’élança, heurtant le tréteau qui était derrière elle et renversant son linge propre dans la boue ; pour courir plus vite elle laissa ses sabots.

Jo était tombé dans le ruisseau ; heureusement il avait choisi le bon endroit. Deux mètres plus loin il eût été roulé par le courant, mais là il avait le bec hors de l’eau, le pauvre canet, et Dieu sait s’il l’ouvrait !

Madeleine le tira sur l’herbe et le déshabilla. Il criait à tue-tête et il eût encore crié plus fort s’il