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NÊNE.

tranquille. Elle se souvint d’un repas que Corbier avait donné avant la mort du père. Les petits cousins y étaient venus avec des rubans et des falbalas car leur mère était coquette ; mais, aussi, on leur avait apporté des sarraus de rechange pour qu’ils pussent jouer sans se salir et la mère avait très bien dit d’une voix pointue :

— Il faut du ménagement… quand on ne veille pas, tout va à la perdition.

Madeleine avait pensé :

— C’est pour moi qu’elle pince le bec… Merci ! Mais, avec son ménagement, elle n’est qu’une glorieuse ; pour garantir une robe de coton il n’est pas besoin d’un si beau sarrau avec tant de dentelles.

Oui, sur le coup elle avait pensé cela.

Maintenant, cette histoire la tracassait ; non point pour elle, mais pour les enfants qui ne devaient en rien être au-dessous des autres.

Or, le vendredi, un marchand qui passait frappa à la porte et fit ses offres à Madeleine.

— J’ai des tabliers magnifiques… J’ai la nouvelle mode… Profitez de l’occasion, madame.

— Merci, dit Madeleine, je n’ai besoin de rien.

Le marchand, qui avait l’air très malin, montra Lalie et Jo.

— C’est toute votre famille, madame ?

— Oui, répondit-elle en devenant rouge.

— C’est un beau commencement ! Je pense qu’ils sont mignons ! Vous ne leur achetez rien ? Allons, venez donc voir ma marchandise.