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NÊNE.

rousses dans le brouillard doré des derniers rayons du soleil.

Michel mesurait l’heure à l’allongement des ombres. Toute la soirée il avait travaillé dans le pré derrière les bâtiments, éclaircissant les haies broussailleuses, étêtant les arbustes, coupant les ronces et les chèvrefeuilles : maintenant il était passé dans l’ouche aux chèvres et il achevait d’approprier les cheintres envahies durant l’été par une végétation hâtive et drue. À grands coups de faucille il abattait les herbes sèches, les ravenelles, les derniers chardons et les tiges rouillées des fougères.

De temps en temps il se redressait pour écouter et ses regards s’en allaient vers la route. Violette devait passer aux Moulinettes en revenant de St-Ambroise et il l’attendait ; l’heure approchait où elle allait venir.

— Encore un petit moment. Quand la brume d’eau sera levée autour de l’étang, elle sera dans ma vue.

Toutes ses pensées, jeunes, ardentes, partaient en folle cavalcade.

Près de la maison sonna la voix de Madeleine. Michel l’entendit et son humeur fut prompte à se lever.

Celle-ci, pourquoi était-elle encore chez lui ? Il ne pourrait même pas la renvoyer à bout de gage : le marché était fait et revenir sur sa parole eût été un déshonneur trop grand.

Cependant quel tort ne lui avait-elle pas fait dans l’esprit de Violette !