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NÊNE.

La petite s’arrêta et, avec une branchette, remua les châtaignes.

Il restait encore vers le haut du pré un gros monceau de broussailles ; Michel alla le chercher ; mais dès qu’il eut piqué sa fourche, il la lâcha et remonta sur la route.

Violette arrivait.

Quand elle fut à sa hauteur elle s’arrêta, laissant les apprenties s’éloigner.

— Bonsoir ! dit-elle ; vous m’avez donc entendue venir ?

Il répondit et sa voix chantait :

— J’ai l’esprit plein de vous tout au long des jours et, où que vous soyez, dès que vous vous levez pour venir vers moi, j’entends votre pas. Mon cœur porte cent fois plus loin que mon oreille.

Elle renversa la tête, offrant sa gorge gonflée et elle murmura d’une voix languissante :

— Pour faire des compliments, vous n’en craignez pas un.

— C’est que pas un n’a autant de tendresse que moi. Si vous saviez combien les heures sont lentes pour moi quand je suis loin de vous !

Elle sourit et s’approcha de lui jusqu’à le frôler.

— Moi aussi, dit-elle, je pense à vous… Je suis contente de vous rencontrer ce soir : j’ai à vous dire que je vous ai trouvé une nouvelle servante, une femme d’âge qui pourrait entrer chez vous tout de suite, dès la Toussaint.

Michel fit un geste de colère.