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NÊNE.

— À l’école, ma petite ! il est grand temps !… Je t’ai appris à lire et à former tes lettres, mais pour les autres enseignements je ne suis pas assez savante… À l’école !… Tu me ferais reproche plus tard.

Et puis elle avait la crainte d’être tournée en dérision quand l’Autre aurait pris sa place, l’angoisse de paraître la moins raisonnable et la moins vigilante.

Elle résolut de ne pas même attendre la rentrée de Pâques qui était proche.

Mais elle voulait que la petite fût vêtue de neuf et bellement ; et quant à puiser pour cela dans la bourse de la maison, non, par exemple.

Prenant son livret, elle s’en fut donc trouver les messieurs de la Caisse d’Épargne et elle retira, d’un coup, les cent francs qui lui restaient. Puis, avant de quitter la ville, elle fit toutes ses emplettes, de sorte que le lendemain qui était un lundi elle put conduire la petite à l’école.

Elles partirent toutes les deux de bon matin. Lalie trottait en avant. Ah ! la galante robe achetée toute faite à une ouvrière de ville ! la galante robe et le joli panier fanfreluché ! Madeleine en était glorieuse. Son cœur était bien serré — il l’était toujours maintenant — mais une pensée lui était réconfort.

— Cette petite, jamais elle ne m’aura en oubli… Quoi qu’il arrive, quand elle se rappellera son temps de jeunesse, elle se dira : « pour mon premier matin d’école, c’est Madeleine qui m’a prise par la main… » C’est un souvenir, marqué pour la vie.