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NÊNE.

Le lendemain soir, ce fut le même enchantement :

— Tu n’as pas été punie ? demanda Madeleine.

La petite leva des yeux moqueurs.

— Punie ! Pourquoi punie ?

— Pendant tout ce temps, tu ne t’ennuies pas ?… Tu ne songes pas à Jo ?… ni à moi ?

— Jamais !

Madeleine ne questionna plus.

Le mercredi elle chercha un prétexte pour retenir Lalie, mais elle eut si belle musique qu’elle dut céder.

La semaine passa. Lalie ne parlait plus que de son école, que de sa maîtresse. La nuit elle en rêvait tout haut et c’était pour Madeleine une torture cachée, inavouable, honteuse.

Le lundi suivant elle eut une minute de joie coupable.

Elle était allée après quatre heures du côté de St-Ambroise attendre Lalie. Quand la petite parut, son panier au bras, Madeleine vit qu’elle marchait tristement et qu’elle avait les yeux rouges.

D’un élan elle la rejoignit, l’enleva en ses bras.

— Qu’est-ce que tu as ?… Tu viens de pleurer !… Elle t’a punie ?

Lalie éclata en sanglots.

— Elle t’a punie ! elle t’a punie !

Lalie secouait la tête.

— Non ! Non !

Mais Madeleine, sans entendre, la serrait, l’emportait, la reprenait.