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NÊNE.

de Lalie sur sa poitrine… et, là, dans le petit lit, à côté, Jo, les yeux rieurs, dirait :

— Nêne, tu as beaucoup dormi !

Non, ce n’était pas une chose possible ! Elle prierait… Le Bon Dieu ne permettrait pas… il mettrait une pierre devant la roue écraseuse, il verserait le chariot dans le fossé… Il y aurait un accident, un choc sauveur…

— Nêne, les nuages qu’est-ce que c’est ? où vont-ils ?

— Ce sont les petits moutons du Bon Dieu qui s’en viennent au pacage.

Le ciel, grand ouvert, était comme une belle prairie rase ; quelques flocons blancs y voyageaient cependant et, à cause de cela, il paraissait assez proche.

Jo, la main levée, disait :

— Nêne, la lune, elle n’est pas haute !

— Nêne, continua Lalie, il y a des choses sur la lune.

Madeleine répondit :

— C’est un petit bonhomme qu’on y voit… tout petit et bien vieux… Sur son dos, il a un fagot d’épines pour chauffer son four.

— Nêne, demanda Jo, derrière les nuages, qu’est-ce qu’il y a ?

— Il y a le Temps, répondit Lalie… et c’est le Bon Dieu qui y demeure.

— Le paradis, Nêne, où est-il ?

— Ma petite, on ne le voit pas quand on est vivant : mais ceux qui n’aiment pas le péché y vont quand ils sont morts.