Page:Perochon - Nene.djvu/39

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elle dans le lit qu’elle partageait déjà avec Lalie et elle l’avait serré étroitement.

— Jo a une épingle dans le ventre !

Dix fois par jour Lalie lui faisait courir un frisson sur la nuque.

Elle commençait déjà à les aimer ces chétifs. À eux seuls, ils lui donnaient plus d’inquiétude que tout le reste. Plus de travail aussi. Lalie touchait à tout ; Georges voulait en faire autant. Il commençait à marcher et tombait à chaque minute. Étant d’humeur vive il criait et trépignait tout au long des jours.

Madeleine osait penser :

— Si j’étais leur mère je gagerais un petit bout de servante qui m’enlèverait un peu de travail au dehors… et je m’occuperais d’eux… Comme cela, je n’ai pas le temps ; ils pâtissent, ils jouent sans moi et je n’ai pas leur amitié s’ils ont la mienne.

Le père Corbier, qui devait si bien l’aider, était justement ragaillardi par le soleil et ne restait jamais à la maison. Aussi la voyait-on toujours besognant à grand’hâte.

— La servante de chez nous, disait le vieux, n’a pas les deux pieds dans le même sabot.

Non ; et il ne le fallait point !

En arrivant aux Moulinettes elle s’était demandé anxieusement si elle s’habituerait : deux mois s’étaient écoulés et elle n’avait pas encore eu le temps de se poser à nouveau cette question.

Dans les autres fermes où elle était passée, il lui arrivait, en travaillant, de songer à sa mère, à ses