Page:Perochon - Nene.djvu/41

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jeune ménage. Ils prenaient dans cette maison un air d’extrême jeunesse ; mais comme c’étaient de beaux meubles, simples et soigneusement faits, leur jeunesse semblait avenante et point trop tapageuse.

Ce que Madeleine trouvait de plus curieux chez les Corbier, c’était la cheminée. Elle ne s’étonnait point des images saintes ni du chapelet à énormes grains de buis qui, évidemment, n’avait jamais servi pour prier : on trouvait des choses pareilles dans toutes les maisons dissidentes. Mais elle n’avait vu nulle part d’armes semblables à celles qui étaient là, et nulle part non plus un papier aussi vieux encadré avec autant de soin.

Les armes étaient deux longs pistolets. Cent vingt ans auparavant le plus jeune chef de l’armée catholique avait fait ce cadeau d’amitié à un Corbier, son compagnon favori.

Le papier encadré était un parchemin sur lequel on avait marqué un fait de la guerre : cet aventureux gars de Corbier entrant en même temps que le chef dans une ville âprement défendue. En bas, une signature grasse : celle du chef. À gauche, l’écrivain, qui devait savoir joliment jouer de la plume, avait tracé l’image. Et l’on distinguait une grande muraille et deux échelles au sommet desquelles se dressaient deux hommes, l’épée haute.

Tout cela, à vrai dire, était un peu effacé ; mais les Corbier, quand on le leur demandait, expliquaient encore très bien chaque chose et ils en avaient de l’orgueil.

Le vieux avait prié Madeleine, dès le premier