Page:Perochon - Nene.djvu/69

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« Péché mortel » !… Sans doute, vous croyez des choses, Michel ?… parce que vous êtes avenant !… Mon Dieu ! vous n’êtes pas le seul !…

On était au soir du mercredi et Madeleine fiévreusement desservait la table. Les hommes étaient allés se coucher ; les enfants dormaient.

— Je m’en irai. Je ne peux plus rester après ces paroles. J’étais accoutumée… mais il n’y a que les enfants que j’aime… oui !… Je les regretterai bien, les mignons… mais pas les autres… J’irai dans une grande ferme comme l’an passé : je serai plus libre… Ils me font tourner la tête ici : l’un que j’aime, l’autre que j’aime pas… on finit par ne plus savoir ce qu’on fait… Et du travail tant que le jour éclaire et bien avant et encore après… Personne pour vous mener et honnie par-dessus le marché !… J’aurais dû partir tout de suite… Quand je le vois qui vient s’asseoir ici, avec les autres, sans me regarder, ça me boule au cœur… C’est la colère… S’il parlait comme avant, cela serait peut-être passé… Mais non !… Eh bien ! je m’en vais, Michel Corbier. Vous en gagerez une autre, une plus belle que moi si vous voulez… et qu’elle soit votre femme, cela me sera égal.

Madeleine avait en main le torchon qui lui servait à frotter l’armoire ; elle le jeta ; puis elle le reprit aussitôt, pensant :

— Je m’en irai, mais je ne veux pas que le tort vienne de mon côté. Je mènerai ma besogne jusqu’au bout et il n’aura rien à redire. Demain, il faut qu’il me cherche noise… Je me fâcherai et