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NÊNE.

autres redoublèrent, brâmant, entre leurs mains jointes :

— C’est le grand ! Hou ! Hou !

Ils étaient là-haut quatre catholiques qui l’engeignaient disant :

— Cuirassier, tu perds la ceinture !.. Cuirassier, on t’appelle à la cuisine !… Tu conviendrais à moucher les drôles…

Boiseriot riait en arrachant les dernières poignées de paille. Enfin le batteur reprit à tourner. Cuirassier était blanc de colère. Il venait d’entendre dire près de la vanneuse :

— Le petit engrène mieux !
et dans son ivresse commençante, ces paroles prononcées à voix posée lui avaient été encore plus cuisantes que les moqueries des dresseurs de pailler.

— Ce n’est pas mon idée ; le grand a de l’avantage et pousse plus de paille.

Autour de la vanneuse, maintenant, on discutait leur travail. Et, de proche en proche, la discussion animait tout le monde ; la vieille querelle renaissait, les catholiques tenant pour Boiseriot et les Dissidents pour Cuirassier.

Eux, entendant cela, ne se regardaient plus. Penchés sur la table ils faisaient une besogne terrible Boiseriot était le plus adroit ; il jetait ses mains en avant avec la promptitude d’un chat. Chacun de ses gestes portait, poussait la paille juste assez pour qu’elle fût happée par la machine… Et il ne suait même pas, il n’avait pas l’air de se douter de