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Page:Perrault - Contes des fées, 1886.djvu/64

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CONTES DES FÉES.

vait tout ce qu’elle venait lui dire, mais qu’elle n’en eût aucun souci, que rien ne pouvait lui nuire, si elle exécutait fidèlement ce qu’elle allait lui prescrire. Car, ma chère enfant, lui dit-elle, ce serait une grande faute que d’épouser votre père ; mais, sans le contredire, vous pouvez l’éviter. Dites-lui que, pour remplir une fantaisie que vous avez, il faut qu’il vous donne une robe de la couleur du temps ; jamais, avec tout son amour et son pouvoir, il ne pourra y parvenir. La princesse remercia bien sa marraine ; et dès le lendemain matin elle dit au roi son père ce que la fée lui avait conseillé, et protesta qu’on ne tirerait d’elle aucun aveu, qu’elle n’eût la robe couleur du temps. Le roi, ravi de l’espérance qu’elle lui donnait, assembla les plus fameux ouvriers, et leur commanda cette robe, sous la condition que s’ils ne pouvaient réussir, il les ferait tous pendre. Il n’eut pas le chagrin d’en venir à cette extrémité ; dès le second jour, ils apportèrent la robe si désirée. L’empirée n’est pas d’un plus beau bleu, lorsqu’il est teint d’un nuage d’or, que cette belle robe lorsqu’elle fut étalée. L’infante en fut toute contristée, et ne savait comment se tirer d’embarras. Le roi pressait la conclusion ; il fallut recourir encore à la marraine, qui, étonnée de ce que son secret n’avait pas réussi, lui dit d’essayer d’en