Page:Perrault - Dialogue de l’amour et de l’amitié, 1665.djvu/31

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me faire connaître ; il n’est pas que vous n’ayez vu celui qui fut fait autrefois en Grèce par un excellent maître, et qui depuis a couru par toute la terre, sous le nom de l’Amour fugitif ; vous avez pu voir encore une copie du même portrait de la main du Tasse. Ce sont deux pièces admirables, et telles que plusieurs ont voulu que j’en fusse l’auteur. Cependant, quoique tous mes traits y soient fort bien représentés, il est vrai néanmoins qu’il y manque, comme dans tous les autres portraits qu’on fait de moi, un certain je ne sais quoi de tendre, de doux et de touchant qui me distingue de quelques passions qui me ressemblent, et qui est en effet mon véritable caractère : les cœurs que je touche moi-même le ressentent fort bien, mais ni les couleurs ni les paroles ne pourront jamais l’exprimer. Il faut pourtant que je vous