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JEANNE-DES-HARENGS.

étaient de premier choix, on apprit peu à peu le chemin de sa boutique.

« Et voilà comment elle a fini par acquérir une petite aisance.

— Mais ce dénouement dont tu me parlais, demandai-je, quel est-il ?

— Le dénouement, reprit mon ami avec un sourire, en étendant la main, regarde, le voilà qui fait ses visites de noce.

« Edme a épousé Thérèse ? Ce sont eux qui viennent à nous ? Mon Dieu, oui. Ces enfants avaient gardé l’un de l’autre un bon souvenir. Cela se comprend. Plus tard, ils se sont aimés. Quel joli couple, hein ? »

C’est vrai : ils étaient charmants tous les deux.

Thérèse, blonde, mignonne, avec des yeux noirs qui lui donnaient un air étrange et doux ; Edme, personnifiant, dans toute sa mâle beauté, le type hardi et superbe des anciens habitants de notre vieille Bourgogne : les Gaulois, aux blonds cheveux, aux yeux bleu clair, à la moustache fauve.

Et je les suivais du regard, en songeant combien le fil mystérieux qui relie les destinées est ténu, délicat, fragile, bien souvent.

Plus indifférents à la misère de la pauvre marchande, ces