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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

Je fis signe que oui.

« Allons, lève-toi, mon pauvre petit homme, me dit-elle, nous n’avons pas de temps à perdre aujourd’hui. »

Là commencèrent les hostilités entre nous deux.

Je voulais déjeuner au lit, comme j’en avais pris la mauvaise habitude.

Sans rien me répondre, elle fit à ma bonne un signe que celle-ci comprit probablement, car elle s’empara de moi sans façon et se mit en devoir de m’habiller.

J’eus une colère terrible, mais personne n’y prit garde.

À la fin, je me mis à appeler : « Papa, papa ! » C’était de ma part une protestation contre la manière d’agir dont je me jugeais victime.

Ma grand’mère, qui écrivait, se retourna. Elle avait l’air triste et me dit seulement :

« Ton père et ta petite maman auront du chagrin, si tu es un méchant enfant. Sois sage. »

Le jour suivant, on chargea deux malles sur un omnibus. Gertrude, la paysanne qui avait accompagné ma grand’mère, me prit sur ses bras et me porta dans la voiture, où sa maîtresse nous rejoignit.

J’étais en wagon quelques minutes après, et le plaisir