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LES LUNETTES DE GRAND’MAMAN.

porta à bras tendu jusque sur le perron, non sans m’avoir, à plusieurs reprises, rudement secoué, pour me faire égoutter, disait-il.

Je n’osais me rebiffer. La position ne s’y prêtait guère. Il n’aurait eu qu’à me lâcher !

« Passez-moi ce polisson-là à la lessive, dit-il à Gertrude. Moi, je cours après mes bêtes. Ah ! elles ont fait du joli ! »

On me déshabilla, on me lava de la tête aux pieds, car j’étais plein de vase, et on me mit au lit.

J’eus un bon accès de fièvre, pendant lequel il me sembla voir souvent, penché sur moi, un visage très doux, qui avait quelque ressemblance avec celui de ma grand’mère. Mais ce ne pouvait être le sien, car lorsque, le surlendemain, je me retrouvai debout et bien portant, je la vis froide et sévère comme d’habitude.

« Que cette leçon te serve ! me dit-elle. Cela t’apprendra que le bon Dieu évité quelquefois aux parents la peine de corriger les enfants qui désobéissent. »