de mon costume. Mes deux petites jambes fluettes apparaissaient serrées dans le caleçon, et j’avançais gravement, comme il convient à une personne qui a lieu d’être satisfaite de sa conduite.
« Ah ! miséricorde ! mais c’est bien le sien ! s’écria ma grand’mère. Maurice, qu’as-tu fait de ton pantalon ?
— Je l’ai donné à un petit pauvre qui était presque tout nu, répondis-je. Le bon Dieu sera content de moi, dis, grand’mère ? »
Et j’allongeai une jambe, puis l’autre, en tournant sur mes talons de l’air le plus dégagé.
Grand’mère avait peine à tenir son sérieux.
« Je parie, dit-elle d’un petit air malicieux, que tu as tout au moins gardé ta toupie.
— Non, grand’mère, je la lui ai donnée. Figure-toi, grand’mère, qu’il en avait trop envie. Il la mangeait des yeux. Il n’en avait jamais eu une à lui. »
À cette réponse, ma grand’mère m’embrassa si tendrement que je sentis son cœur battre sur le mien.
À partir de cette époque, je devins meilleur. Je m’étais attaché à ma grand’mère, et, si elle était toujours sévère pour moi quand mon caractère de l’ancien temps reparaissait, nous passions parfois de bonnes après-midi tous les