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L’ÉPOUSE ET LA MÈRE



elle ne récompense que l’effort et l’intelligence, sans égard au mérite personnel. Si pénible qu’il fût, le travail du colon n’effraya pas Madame Croteau. La Providence avait voulu qu’elle remplaçât son homme, et elle le fit sans la moindre hésitation. À l’œuvre, d’un soleil à l’autre, travaillant sans répit du commencement à la fin de l’année, ne choisissant les tâches ni les moins dures ni les moins longues, elle sut stimuler l’ardeur de ses enfants par sa propre ardeur. Et si, aux champs, elle put remplacer le chef de la famille, elle n’en resta pas moins, en même temps, une mère attentive aux soins de ses enfants et de son foyer.

Elle eut cet art précieux du commandement. Encore aujourd’hui, bien qu’ils soient devenus des hommes, ses enfants ne se sentent pas humiliés d’être dirigés par leur mère, et ils lui sont tous très profondément attachés. Ils ont confiance dans son jugement, dans son habilité et dans sa clairvoyance. Comme dans toutes ces excellentes


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