Page:Perrin, Jean - Les Atomes, Félix Alcan, 1913.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LIBRE PARCOURS MOLÉCULAIRE

voyageurs pourraient s’amuser à sauter sans cesse de l’un sur l’autre, recevant chaque fois un léger choc. Grâce à ces chocs, les voyageurs tombant sur le train moins rapide en accroîtraient lentement la vitesse, diminuant au contraire celle du train plus rapide quand ils sauteraient sur lui. Ainsi les deux vitesses finiraient par s’égaliser, absolument comme par frottement, et ce serait bien un frottement en effet, mais dont nous apercevons le mécanisme.

Il en sera de même si deux couches gazeuses glissent l’une sur l’autre. Cela revient à dire que, par exemple, les molécules de la couche inférieure ont en moyenne un certain excès de vitesse, dans une certaine direction horizontale, sur les molécules de la couche supérieure. Mais elles se meuvent en tous sens, et, par suite, des molécules de la couche inférieure seront sans cesse projetées dans la couche supérieure. Elles y apporteront leur excès de vitesse, qui se répartira bientôt entre les molécules de cette couche supérieure dont la vitesse dans le sens indiqué sera donc un peu augmentée ; dans le même temps, sous l’action des projectiles venus de la couche supérieure, la vitesse de la couche inférieure diminuera un peu ; l’égalisation des vitesses se produira donc, à moins qu’une cause extérieure ne maintienne artificiellement leur différence constante.

L’action d’un projectile sur une couche sera d’autant plus grande qu’il viendra d’une couche plus éloignée, apportant par suite un excès de vitesse plus grand, ce qui arrivera d’autant plus

109