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LES LOIS DU MOUVEMENT BROWNIEN

dans sa démonstration et qu’on retrouve quand on veut établir l’équipartition de l’énergie, c’est-à-dire, dans le cas actuel, l’égalité moyenne des énergies de rotation et de translation. Les difficultés mêmes qu’on a vu récemment s’élever (41 à 43), au sujet des limites dans lesquelles s’applique cette équipartition, augmentent l’utilité d’une vérification.

Mais cette formule indique une rotation moyenne d’environ 8 degrés par centième de seconde, pour des sphères de 1μ de diamètre, rotation bien rapide pour être perçue (d’autant qu’on ne distingue pas de points de repère sur des sphérules si petits), et qui à plus forte raison échappe à la mesure. Et, en effet, cette rotation n’avait fait l’objet d’aucune étude expérimentale, même qualitative.

J’ai tourné la difficulté en préparant de très gros sphérules de gomme-gutte ou de mastic. J’y suis arrivé en précipitant la résine de sa solution alcoolique, non plus, comme d’habitude, par addition brusque d’un grand excès d’eau (ce qui donne des grains de diamètre généralement inférieur au micron), mais en rendant très progressive la pénétration de l’eau précipitante. C’est ce qui se passe quand on fait arriver très lentement de l’eau pure, au moyen d’un entonnoir à pointe effilée, sous une solution (étendue) de résine dans l’alcool, qu’elle soulève progressivement. Une zone de passage s’établit entre les deux liquides qui diffusent l’un dans l’autre, et les grains qui se forment dans cette zone ont couramment un diamètre d’une douzaine de microns. Aussi devien-

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